Dernière mise à jour : 12 mars 2020
Retour sur notre journée consacrée au business à impact au service des femmes.
Les yeux clôs, les chouquettes sucrées
Matinée fraîche, 13 Boulevard de Rochechouart. Au-dessus de nous des loupiotes comme autant de mini soleils, des bouquets de lisianthus roses sur des bouts de tables. Parmi la foule, des petites mains qui tapotent et de grands esprits qui s’éveillent. Et puis, parmi les dames, une Céline Orjubin qui se prépare, qui monte sur scène et nous tend la main. Au micro, il y a d’abord une Europe et son tour du monde. Puis, très vite, Tomorrow et ses grands lendemains.
À peine le temps d’explorer la planète que la grande porte en fer s’entrouvre.

Madame la Ministre des droits des femmes, merci d’être parmi nous ce matin. Commencent alors les questions sur la représentativité, la rue, les pavés, les gens et la télé. On interroge Sciences Po Paris et sa chaire. L’insupportabilité des inégalités sociales et cette nouvelle génération qui dit non. Viennent les activistes, les grands objectifs du développement durable. Et puis, à Madame la Ministre, on lui parle aussi des grands livres. On cite Citton, on cite Cagé et Prochasson. On parle des raisons de plus, on parle du faire, on parle d’agir, de monter au créneau et de donner sa voix. Et puis partant des livres, on parle des mots. De ceux qui font mal, de ceux que l’on détourne, de ceux qui s’interprètent. Et d’ô combien il est dur d’être nommée à la représentation des femmes, lorsque pendant trente ans, il n’existe aucun ministère. Applaudissements et questions. Révérence à Najat Vallaud Belkacem.
Pause verrière pour la communauté
Les bureaux de My Little ont été conçus dans un dédale de verre, au milieu des poutres en bois. Ici, c’est douillet comme l’aurore et quand il pleut en bas, sur les toits, tout s’évapore. Et tant mieux parce que c’est le tour de table. Ce matin, on accueille Alma Guirao, Céline Orjubin et Tatiana Jama. Et avec elles, on embraye sur les communautés. Car pour s’unir, il ne suffit pas de scander les mêmes verbes, pour s’unir il faut compter. Compter pour que les femmes comptent. Compter pour qu’on les voie. Et l’ouvrir ! L’ouvrir enfin pour que les inégalités cessent et qu’on puisse tranquillement se préoccuper de nos affaires. Car le business, c’est notamment les femtech avec Paola Craveiro. Sur les douze derniers mois, le secteur des objets connectés pour femmes a atteint les 1 milliard de dollars. Certains experts tablent sur 50 milliards en 2025. Nous, on reste persuadés qu’il n’y aura pas que la Silicon Valley pour se positionner.

La table des anges et Piu Piu qui s’envole

C’est Giulietta et son nom tout droit sorti d’un film de Fellini. Mais c’est aussi Piu Piu qui inonde de ses ondes, les bars les plus branchés de Paris. Ce midi, elle nous fait sienne. Elle nous enchante avec le mot sororité, avec les biais culturels, avec les répliques dans le monde de la mode. Piu Piu, son message c’est la lutte pour les soutiens multi-générationnels, pour l’émancipation, les strass sans les paillettes et les slogans qui ramènent du monde. Alors à la Table des Anges, on écoute l’Hôtel Grand Amour et l’expérience immersive en son binaural. On écoute l’artiste, on participe aux idées et on file, après la crème brûlée, au Musée d’Orsay.
Que parlent les tableaux

Il fallait qu’on examine l’image des femmes dans l’art. Il fallait qu’on le fasse pour mieux dépoussiérer les archives d’un monde oublié. La moitié de l’humanité. On est remonté en 1863 lorsqu’ Alexandre Cabanel reçoit le 1er prix pour la Naissance de Vénus. Femme nue idéalisée et traitée en sujet mythologique que Napoléon III s’empressera d’acheter. La même année, c’est Manet qui détonne. L'œuvre Olympia, avec son oeil qui tranche et son minois qui se venge, devient le lieu d’affrontement plastique des avant-garde. Se pose ici la question du renouvellement du traitement des sujets et du nu, pour le nu. On remonte entre les colonnes pour l’inévitable Origine du monde, par Courbet. L’oeuvre peinte en 1866 amuse les visiteurs, les choque ou les intrigue. Est-ce le nu sans nu qui dérange? Ou est-ce le morcellement du corps ?
L’artiste Orlan, en écho, peindra l’Origine de la Guerre en représentant le sexe de l’homme en arrière. Puis ce sera le tour de Rosa Bonheur avec les scènes de genre, les demandes de travestissements, les autorisations de la préfecture. On découvre les conditions des femmes peintres comme la russe Marie Bashkirtseff qui en 1884 interroge en peinture la représentation du système de sociabilité masculine qui écarte tendancieusement les femmes.
Hélène Bertaux, Camille Claudel, Marcello et Berthe Morisot vivront les mêmes rengaines. A nous de nous y replonger avec Carine, notre guide. A nous d’encadrer leurs tableaux.
La finance pour impact
Dernière partie de journée entourée de la grande Anne-Catherine Husson Traore. Maison Maison tient parmi les pierres le long des quais. Et alors qu’elle se présente, la lumière ondule. Au milieu des thés, des jus de pomme et de verveines, tout le monde s’attarde sur notre dernier invité. Il faut dire qu’Anne-Catherine Husson Traore est une pointure de la finance à impact, directrice générale d’un média de sensibilisation aux enjeux du développement durable. D’abord journaliste, elle fait ses armes pendant treize ans à M6, puis quitte le groupe pour devenir responsable éditoriale. Aujourd’hui, Novethic est une filiale de la Caisse des dépôts, centre de recherche sur l’ISR. Organisatrice du Invest Positive Forum, elle fait partie des rares femmes à littéralement s’imposer dans le monde de la finance.
Et elle nous a raconté pourquoi.