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Des friches et des êtres

Ils ont tous quelque chose en commun ces lieux cachés. Un aspect transitoire, un caractère éphémère où se mêlent plusieurs mondes qui passent et repassent à l’abri des bulldozers. Notre dernière learning expedition est allée au devant de ces endroits de partage, ces friches dans la ville, nouveaux embryons des cités réinventées. Entre ancienne gare, vieux buildings, squats et maisons abandonnées, ça donne des sas d’incubation, des parterres de créations et de l’idée, toujours de l’idée ! 20 professionnels, urbanistes, acteurs de changement, entrepreneurs et parisiens curieux nous ont suivi. On vous raconte.

L’évolution de l’urbanisme transitoire

C’est à l’aube des années 1980, consécutivement au mouvement de désindustrialisation en Europe que l’on voit apparaître les friches. La friche n’intéresse pas le grand public et les institutions et cela fait la joie de la scène techno underground et des groupements artistiques pirates. Dans l’imaginaire collectif, elle n’est que l’héritage d’une période industrielle douloureuse.

Aujourd’hui, vingt ans après, les friches urbaines se voient associées à la culture, l’art, l’engagement, les sciences sociales, l’écologie… Elles représentent même de nouveaux leviers socio-économiques et retrouvent une réelle valeur aux yeux du grand public. Dans tous les cas, l’existence des friches urbaines demeure intimement liée à l’évolution des villes : elles en sont une partie intégrante, et comme le dit très justement Antoine Calvino (journaliste chez Le Monde Diplomatique) « Les friches d’aujourd’hui sont la version apaisée des squats d’hier. À nous de définir ce qu’elles seront demain car ces espaces portent en eux le germe du manque de lieux d’expressions pour les citoyens. »

« Dans ces lieux il y a une réelle générosité, une sorte de don. Ce sont des lieux dans lesquels on a envie d’agir, et beaucoup d’acteurs ont un rôle important à jouer dans ces projets. » Blandine d’Estaintot, Bouygues Immobilier

Des synergies propres à l’urbanisme transitoire L’urbanisme transitoire repose souvent sur trois types d’acteurs, les collectivités locales, le propriétaire (bailleur) et l’occupant (collectif, association, entreprise sociale...). Rares sont les situations dans lesquelles des acteurs aussi éloignés les uns des autres viennent à collaborer. Cela permet de rompre avec les méthodes de gouvernances « traditionnelles » et de faciliter des échanges plus horizontaux et transversaux. Le ciment de cette coopération : l’intérêt commun des acteurs dans l’usage, l’animation du territoire, le rôle de préfiguration d’un projet éphémère, sans oublier les bénéfices économiques mutuels.

Pour autant, l’éphémère n’est pas toujours l’allié des porteurs de projets. Comme beaucoup d’entre eux le disent, il est difficile de traiter de problématiques liées au développement durable de manière temporaire. Ces actions doivent se pérenniser pour accentuer et prolonger leur impact. Sans même avoir de réelles ambitions d’essaimage, ses projets sont très importants localement et laissent un vide énorme une fois achevés. Il y a une vrai souffrance à appréhender la suite.


« J’ai adoré me sentir ailleurs, dans une sorte de capsule à Paris. Je repars avec un questionnement quasi philosophique sur la question de la liberté et des besoins fondamentaux. » Céline Orjubin – CEO My Little Paris

Deuxième enjeu prioritaire, la symbiose entre le projet et son environnement. L’appropriation par les habitants du quartier et les bénéficiaires demandent un effort de concertation et de co-construction important. Yoann-Till Dimet, fondateur de Soukmachine va même plus loin, et pense qu’il faut « laisser littéralement la porte de ces lieux ouvertes pour faire naître un sentiment d’appartenance chez les riverains. » Il s’agit d’une condition sine qua non à la réussite du projet selon lui.

« Je suis venu pour voir des lieux et j’ai rencontré des gens. C’est important de continuer à mettre en valeur des modèles qui ne sont pas seulement monétaires. » Samuel Roumeau – Président Ouishare

Vers une démocratisation de l’urbanisme transitoire Après avoir été méprisées, marginalisées, et désormais démocratisées, à quoi ressembleront les friches de demain ? L’Orfèvrerie, lieu racheté par le promoteur Quartus en 2016, est une des étapes de notre expédition. Ces 21 000 m2, dont 18 400 de surface de plancher de bâtiments industriels typiques de l’industrie du XIX° siècle, nous donne des éléments de réponse. Ici, l'entreprise se laisse le temps de la réflexion avant de décider du futur projet immobilier qui verra le jour dans ce lieu immense. En attendant, les locaux sont à disposition d’associations, d’artistes et de jeunes entreprises du territoire. L’objectif est de se servir de cette période transitoire, comme d’un laboratoire de préfiguration des futurs usages du site.

Et le futur justement, on en parle ? Ces lieux-laboratoire, lieux de replis, ces berceaux d’échanges. On y discute arts, collages, développement, autosuffisance, autosubsistance ; la friche, c’est l’archétype d’une ville connectée dé-mondialisée où l’on personnalise ce qu’on a, en fonction de ce qui a déjà vécu. On aurait presque dit une métaphore du temps que l’on est en train de vivre. La nouvelle logique urbaine. Jamais déconstruire, juste réinventer. Pour aller plus loin : consultez l’étude du collectif approche.s sur les impacts sociaux et urbains de l’urbanisme transitoire. Tomorrow Expeditions organise des learning expeditions sur-mesure. Briefez-nous pour organiser la vôtre > anna.listova@tomorrow.travel

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