À la conquête de l'espace.
Vers une nouvelle écologie relationnelle
« L’hypothèse que nous voudrions proposer ici est que notre monde contemporain est habité d’une dynamique différente aujourd’hui. Et qu’il est important de constater que la dynamique qui est à l’oeuvre agit par des ressorts différents, le développement, celui qui a structuré notre monde, dessiné nos villes, forgé nos relations sociales, cette dynamique s’exprimant différemment. Et si une certaine génération, des événements, des technologies semblent réaliser cette transformation, ils sont aussi porteurs, sans toujours le savoir, d’une mutation anthropologique majeure, celle de la question du sujet à ses environnements. » écrit Stéphane Hugon. Dans cette même veine, nous interrogeons donc un nouveau rapport à la cité, au lien entre les hommes, aux questions du corps dans l’espace de vie, à l’espace de travail et aux outils numériques.

Réviser nos connaissances sur “l’Open Space”
Les nouvelles organisations encouragent la vacation, les espaces de travail ouverts et la mobilité spatiale des collaborateurs. En véritable symbole de l’abattement des frontières entre les salariés, la dynamique de l’open space a formulé des jours heureux depuis son apparition dans les années 1980. Plus de classes, moins de zones définies, bonjour le collaboratif et les discussions à tue-tête. L’invention de cette typologie d’espace de travail, née avec le secteur tertiaire et longtemps vantée comme un apanage de la modernité au travail. On a pu observer en quarante années une propagation de sa forme, à l’image de l’évolution des organisations.
Toutefois, de vives critiques sont apparues depuis les années 2010, pointant les pratiques compétitives et une mauvaise prédisposition face aux espaces. Pire, l’open space pourrait être à l’origine d’un stress supplémentaire chez les salariés, pour qui les déménagements incessants d’un poste à un autre seraient mal vécus pour un grand nombre d’entre eux. On vous invite à jeter un oeil à l’étude du Scandinavian Journal of Work, Environment and Health qui établissait même en Mai 2013 une corrélation entre le nombre d’arrêt maladie et le passage à l’open space. Force est donc de constater que son modèle ne fait désormais plus l’unanimité.
En témoigne le billet de la journaliste Hélène Combis qui, sur France Culture, écrivait « Qui
a eu cette idée folle un jour d’inventer l’open space ? » Et pour cause, l’optimisation en tout et pour tout de l’espace de travail aurait modifié les pratiques; mais pour autant, peu simplifié les usages. Et si l’importance de la modularité des espaces pour s’adapter aux nouveaux modes de travail est cruciale, il en va de souligner l’importance de l’aménagement de cet espace en fonction des besoins. L’open space n’est pas toujours la clef.

Fantasme autour du “Flex Office” ?
Ils sont nombreux à le dire : place aux usages nomades et au collaboratif, place au télétravail. Les Français sont 57% à dire “oui” au télé-travail.
Sources :
• S. Hugon, L’Étoffe de l’imaginaire : design relationnel et technologies, Lussaud, Fontenay-le-Comte, 2011
• Sickness absence associated with shared and open-plan offices – a national cross sectional questionnaire survey by Pejtersen JH, Feveile H, Christensen KB, Burr H
• Comment (se) sauver (de) l’open space ? Elisabeth Pélegrin-Genel, Editions Parenthèses
• IOL, Travailler en tout temps, en tout lieu : les effets sur le monde du travail
• Etudes Ipsos - Revolution@Work, Anne-Sophie Morizot, Sarah Duhautois et Guillaume Petit